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Retour13 mai 2025
Davide Buscemi - dbuscemi@medialo.ca
Le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue dénonce 151 M$ de coupes

©Photo Médialo — archives.
Le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.
Le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue s’élève, le 13 mai, contre les compressions historiques de 151 millions de dollars imposées au réseau collégial public par le ministère de l’Enseignement supérieur pour l’exercice 2025-2026.
Une réduction budgétaire sans précédent
Cette coupe budgétaire, qualifiée de la plus importante jamais infligée en une seule année, dépasse à elle seule les compressions cumulées sur cinq ans entre 2011 et 2016, qui totalisaient alors 154 millions. Le collège régional s’inquiète de cette ponction soudaine, qui affectera l’ensemble des cégeps publics du Québec.
Un budget qui ne suit pas l’inflation
Prévue dans le budget Girard, l’augmentation allouée au réseau collégial pour 2025-2026 ne s’élève qu’à 0,3 %, une progression jugée largement insuffisante au regard de la hausse réelle des coûts d’opération. Selon l’établissement, il ne s’agit pas d’un ajustement, mais bien d’une coupe déguisée, qui se traduira par une baisse des services d’encadrement aux étudiants, et, à terme, par une atteinte à leur réussite.
Réactions
Le président du conseil d’administration du collège, Karl Guimond, a déploré qu’« avec l’ajout de ces contraintes à la veille de notre nouvelle année financière, nos équipes se retrouvent les mains liées, sans aucune marge de manœuvre ».
Il poursuit de la sorte : « alors que l’éducation devrait être un investissement dans notre société de demain, le gouvernement choisit de prioriser une vision à court terme. Des citoyens éduqués sont généralement plus productifs et en meilleure santé ».
Le directeur général du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Dany Mercier, a rappelé qu’ils « [connaissent] une croissance continue de [leur] population étudiante. »
« Nous offrons de nouveaux programmes et ne recevons pas les budgets nécessaires à leur implantation. Les conséquences de ces compressions seront majeures pour notre développement », enchaîne-t-il.
« Bien qu’il soit prématuré de préciser les services qui seront affectés, l’établissement d’enseignement mobilise présentement ses équipes afin d’évaluer rigoureusement les scénarios envisageables et de mettre en place les mesures nécessaires pour préserver l’intégrité de sa mission collégiale », conclut-il.
Des mesures d’austérité déjà en place
Le Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue rappelle qu’il fonctionne déjà depuis 2024 dans un contexte de restrictions sévères. L’embauche est gelée depuis novembre, tant pour les nouveaux postes que pour le remplacement des absences. Les investissements sont plafonnés, entraînant le report ou l’annulation de plusieurs projets et travaux.
Des quotas stricts s’appliquent également à l’accueil des étudiantes et étudiants internationaux, tandis que l’établissement doit composer avec une cible rigide d’heures rémunérées. Ce carcan budgétaire, conjugué aux nouvelles compressions, fragilise gravement sa capacité d’action, de maintien des infrastructures et d’offres pédagogiques adaptées.
Le SEECAT réagit aussi
Le Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue (SEECAT) s’alarme des compressions budgétaires imposées une fois de plus par le ministère de l’Enseignement supérieur.
Après un gel d’embauches et un plafond d’heures payables l’an dernier, Québec récidive cette année avec un financement jugé insuffisant pour couvrir les hausses liées aux salaires, aux fournitures et à l’énergie.
Le manque à gagner, évalué à 151 millions $ à l’échelle du réseau collégial, aurait des conséquences majeures sur l’établissement régional, selon le syndicat.
Le SEECAT dénonce une atteinte directe à la mission éducative du cégep, qui offre un enseignement adapté aux réalités régionales. « Restreindre les moyens disponibles, c’est limiter notre capacité à incarner pleinement cette mission », affirme la vice-présidente, Émilie Lévesque.
Les enseignants s’inquiètent aussi des répercussions sur les étudiants : groupes plus nombreux, offre de cours réduite, accompagnement fragilisé. « Nous demandons à Mme Déry de faire son travail et de retourner à la table à dessin avec le ministre des Finances pour rétablir la situation. Ce n’est pas aux étudiants d’écoper pour les mauvaises décisions financières du gouvernement », soutient la présidente du SEECAT, Adeline Laquerre.
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