Actualités
Retour23 juillet 2017
Lucie Charest - lcharest@medialo.ca
Les pourvoiries génèrent des revenus estimés à 9 M $
Américains et Ontariens aiment la région

©Gracieuseté Tourisme Abitibi-Témiscamingue
En pleine saison de la pêche, période où les pourvoiries de la région sont le plus achalandées en Abitibi-Témiscamingue, nous avons scruté les dessous de cette industrie plutôt lucrative.
Yves Bouthillette, propriétaire de trois pourvoiries dont Taggart Bay sur le lac Kipawa, et président de l’Association des pourvoiries de l’Abitibi-Témiscamingue est bien au fait de l’impact de cette industrie à différents niveaux. «Ma famille est dans les pourvoiries depuis 70 ans, a-t-il indiqué. D’ailleurs, les pourvoiries sont souvent des entreprises familiales comptant de deux à trois emplois.»
Ses pourvoiries sont ouvertes 15 semaines par année et il reçoit autour de 35 clients par semaine. «On frôle souvent les 600 clients chaque année, a-t-il noté. Et chez-nous, pratiquement toutes les retombées demeurent maintenant en région. Nous avions remarqué que plusieurs de nos clients faisaient leurs provisions à North Bay avant d’arriver à Témiscaming. Maintenant, nous offrons de plus en plus de forfaits tout inclus. Donc, nos clients arrivent ici les mains vides, la nourriture, l’essence, les appâts font partie du forfait, tout est acheté ici.»
À l’échelle régionale
Toutes les pourvoiries n’offrent pas, comme M. Bouthillette, des forfaits tout inclus, mais les retombées de cette industrie sont loin d’être négligeables en Abitibi-Témiscamingue. D’après les données publiées en 2009, les revenus directs en pourvoirie étaient de l’ordre de 8,9 M$ pour un impact économique de 13,7 M $, auxquels des revenus fiscaux de de 3,6 M $ pour le gouvernement étaient associés. Selon l’envergure de la pourvoirie, le chiffre d’affaires annuel peut varier de 20 000 $ à plus d’un demi-million. La majorité d’entre elles sont ouvertes sur une période de six mois. Une dizaine le sont toute l’année.
«Depuis 2009, nous avons constaté que des rapports fournis étaient incomplets ou ne contenaient tout simplement aucune donnée au niveau des revenus et des dépenses, a précisé Ghyslaine Dessureault, consultante en développement de l’offre motoneige et pourvoirie chez Tourisme Abitibi-Témiscamingue. Les chiffres qui nous sont apparus les plus susceptibles de se rapprocher de la réalité actuelle sont ceux tirés des données publiées en novembre 2009.»
Achalandage et provenance
Les rapports d’activités fournis par 86 pourvoiries en 2014 ont démontré que 19 273 clients avaient cumulé 174 309 nuitées à l’échelle de l’Abitibi-Témiscamingue. La majorité de ces clients, soit 14 827, fréquentent les pourvoiries régionales pour la pêche, comparativement à 1227 pour la chasse et 3219 pour d’autres activités. À ceux-ci s’ajoutent 4661 autres clients qui fréquentent les pourvoiries sans y séjourner.
Fait plutôt intéressant, pour ce qui a trait à la pêche, 47 % des clients proviennent de l’extérieur du Québec, répartis à part égale entre les États-Unis et le reste du Canada. Pour la chasse, cette proportion atteint les 68 %, dont 53 % viennent des États-Unis, 13 % du reste du Canada et 2 % d’Outre-Mer.
«La donnée qu’il faut retenir est la comparaison avec les pourvoiries du reste du Québec, a souligné Mme Dessureault. À titre d’exemple, 47 % de notre clientèle de pêche provient de l’extérieur du Québec, alors que cette moyenne est de 39,2 % à l’échelle de la province. Pour la chasse, notre 68 % de clients provenant de l’extérieur est bien en avance du 23,3 % pour l’ensemble des pourvoiries du Québec.»

©Gracieuseté Tourisme Abitibi-Témiscamingue
Mike’s Outfitter pourvoirie est située aux abords du lac et de la rivière Dasserat, aussi appelé 3e lac Kanasuta.

Ils ne viennent pas uniquement pour la pêche ou la chasse qu’ils pourraient pratiquer partout ailleurs au Canada. Ils viennent pour la qualité de l’eau, la beauté de la forêt. -Yves Bouthillette
Le lac Kipawa, le roi des pourvoiries

©Photo Gracieuseté Tourisme Abitibi-Témiscamingue
La beauté des lieux jouerait en faveur de la fidélité de la clientèle sur le lac Kipawa.
Saviez-vous que sur les 93 établissements détenant un permis de pourvoirie en Abitibi-Témiscamingue, plus de la moitié, soit 50, sont situées au Témiscamingue? Et sur ce nombre, 20 sont situées sur le lac Kipawa. Une longue tradition, la fidélité de la clientèle et la beauté des lieux joueraient en faveur de ce secteur.
@R:La clientèle d’Yves Bouthillette provient à 90 % des États-Unis, 8 % de l’Ontario et 2 % du Québec. Il est le premier à confirmer que c’est la beauté et la tranquillité du lac Kipawa qui attirent autant les clients de pourvoiries. «Ils ne viennent pas uniquement pour la pêche ou la chasse qu’ils pourraient pratiquer partout ailleurs au Canada, a-t-il avancé. Ils viennent pour la qualité de l’eau, la beauté de la forêt.»
Patricia Noël, présidente du comité municipal de Laniel, abonde dans le même sens. «Ici, c’est comme un oasis de beauté caché du reste du monde, a-t-elle imagé. À Laniel, nous avons 80 résidents permanents. Ce nombre triple en saison de villégiature. Je ne peux pas parler pour les pourvoiries, mais au moins 70 % des villégiateurs proviennent de l’extérieur du Québec, de l’Ontario et même une vingtaine des États-Unis, et d’aussi loin que le Texas ou la Californie.»
Au-delà de la proximité avec l’Ontario, de la longue tradition des pourvoyeurs de ce secteur, la fidélité de la clientèle pourrait être considérée comme un facteur déterminant, car souvent, elle se conjugue sur une base annuelle. «Ici, il n’est pas rare de voir des Américains qui en sont à leur 3e génération à venir à la pourvoirie, se réjouit Yves Bouthillette. Ils reviennent de grand-père en fils et en petit-fils.»
Commentaires