25 janvier 2018

Patrick Rodrigue - prodrigue@lexismedia.ca

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©Gracieuseté - Christian Leduc/L'Écart

«L’événement qui a sans doute été le plus marquant a été notre mobilisation pour acheter l’immeuble, a mentionné le coordonnateur général de L’Écart, Matthieu Dumont. En 2009, on avait pu amasser 40 000 $ grâce à un peinturothon auquel 30 artistes membres avaient participé. L’année suivante, nous sommes devenus propriétaires et nous avons inauguré les nouveaux espaces en 2011.»

Cette acquisition a permis à L’Écart de doubler sa superficie d’exposition et d’offrir des ateliers à ses membres ainsi que des logements pour les artistes en résidence. Le centre a aussi été reconnu officiellement comme organisme d’économie sociale. «On peut dire qu’à ce moment-là, un nouveau jour s’est levé», a commenté M. Dumont.

Envergure internationale

L’année 2010 correspond également à la 5^e Biennale d’art performatif, un événement créé en 2002 sous le nom de Festival de performance de Rouyn-Noranda et que M. Dumont n’hésite pas à considérer comme la réalisation artistique la plus significative de L’Écart.

«Ça nous a vraiment mis sur la mappe à l’échelle du Canada. Imagine… Un petit centre comme le nôtre qui avait réussi à réunir, au fond de l’Abitibi, plus de 30 artistes en provenance du Québec, de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, du Mexique et de la Chine, il fallait le faire. Et on l’a fait. Ça a ajouté beaucoup de crédibilité à nos démarches», a-t-il fait valoir.

Matthieu Dumont garde aussi un excellent souvenir de l’événement Trafic Inter/nationale d’art actuel en Abitibi-Témiscamingue. Présenté en 2005, cette manifestation avait regroupé des œuvres, des performances et des interventions d’une trentaine d’artistes de la région, de Montréal, de Toronto, d’Halifax, des États-Unis, de la France, de la Serbie et des Pays-Bas. Un ouvrage collectif de quelque 135 pages avait par la suite été publié sur le sujet par L’Écart, en 2011.

«J’en garde un excellent souvenir, a mentionné le coordonnateur général de L’Écart. On avait expérimenté plein de choses. Avec l’artiste Gaétane Godbout, on avait même organisé une soirée de performance dans des maisons du quartier sud de Malartic qui allaient être démolies pour la construction de la mine.»

À l’avant-garde dès le début.

L’Écart a d’ailleurs toujours consacré ses efforts à se maintenir à l’avant-garde. Ainsi, en 2001, il avait relevé le défi de présenter Projet 555 – actions servies sur fenêtres. Les artistes Jacques Baril, Carole Kruger, Serge Larocque, Ariane Ouellet et Martin Guérin avaient alors accepté de faire des résidences dans cinq lieux publics différents des cinq MRC de la région en étant reliés visuellement par un réseau informatique. «À une époque où Internet commençait à peine à se tailler une place dans les maisons, on avait été très précurseurs», a signalé M. Dumont.

Le défi du renouvellement

Vingt-cinq ans après la fondation du centre d’art actuel, son coordonnateur général reconnaît que le plus gros défi consiste à arriver à se renouveler.

«Ce n’est pas évident. Il y a toujours le risque de devenir redondant. Je pense qu’on est maintenant rendu à renouveler le concept même d’exposition. Les festivités de notre 25^e vont être une bonne expérimentation à cet égard, alors qu’on propose une exposition évolutive sur un horizon de cinq semaines à laquelle vont collaborer cinq duos d’artistes. On doit aussi miser davantage sur l’interdisciplinarité, alors que les frontières entre les différents types d’art deviennent de plus en plus floues. Une chose est sûre, on ne manquera pas d’ouvrage», a lancé Matthieu Dumont.