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Retour04 juin 2021
Thierry de Noncourt - tdenoncourt@lexismedia.ca
Plus besoin de permis pour manifester
Révision du règlement sur les manifestations à Rouyn-Noranda
©Photo Le Citoyen – Thierry de Noncourt
La liberté de manifester est un enjeu de longue date à Rouyn-Noranda. La Ville assouplit finalement sa réglementation, jugée en partie inconstitutionnelle.
Le règlement encadrant le droit de manifester à Rouyn-Noranda est en cours de révision, mais déjà des dispositions ont été prises pour permettre les manifestations sans besoin de révéler un itinéraire à l’avance.
Ces ajustements font suite à une demande de la part de plusieurs organismes communautaires à l’endroit de la Ville pour qu’elle assouplisse sa réglementation. Rouyn-Noranda figure parmi les municipalités qui ont fait l’objet d’une étude de l’UQAM, laquelle vient d’être déposée sous le titre: «Les droit de manifester au Québec, les règlements municipaux sous la loupe».
Rappelons que la Ville a fait l’objet de critiques de la part de Ligue des droits et libertés, en 2016, à propos de sa réglementation limitant le droit de manifester, de l'interdiction d'utiliser les colonnes Morris pour afficher un événement à caractère politique ainsi que de l'interdiction de porter un déguisement sur la place publique, exception faite pendant l’Halloween et la Vente-Trottoir.
Par ailleurs, dans un essai intitulé «La liberté de manifester», paru dans la Revue générale de droit en 1970, André Jodouin citait une cause opposant la Ville de Rouyn à un certain Barnhart, en 1949. Celle-ci témoigne du fait que le droit de manifester librement est un enjeu de longue date à Rouyn-Noranda.
On pouvait lire dans cette cause judiciaire qu’à Rouyn, «il est défendu de tenir aucune assemblée ou rassemblement dans les rues ou les parcs publics de la ville ou dans les édifices appartenant à la ville, sans la permission écrite du maire ou du chef de police». Cela ouvrait la porte à de possibles abus de pouvoir par les autorités, selon l’auteur.
Plus besoin de formulaire ni d’itinéraire
Johanne Alarie, intervenante au Centre Entre-Femmes, s’est réjouie des nouvelles disposions, mais elle a insisté pour que la nouvelle réglementation soit adoptée avant les prochaines élections. «Les limitations sur le contenu de l’affichage (colonnes Morris) sont inconstitutionnelles. On s’est déjà vu refuser de l’affichage parce qu’il y avait le mot politique sur nos affiches», a-t-elle milité.
«On a bien entendu; c’est déjà en travail, a indiqué la mairesse Diane Dallaire. Le règlement qui était en place date de près de 20 ans. Le conseil reconnaît qu’il doit être revu. Des gens y travaillent. L’entrée en vigueur serait vers l’automne. Mais d’ici là, il n’y a plus besoin de compléter de formulaire. Mais c’est certain qu’on aime bien être avisés d’une manifestation, de l’endroit où ça va avoir lieu, au cas où il y ait des choses à prévoir, pour la sécurité ou s’il y a des travaux.» L’équipe municipale se pencherait notamment sur les enjeux juridiques liés à la règlementation.
Il n’est donc plus obligatoire de définir le parcours prévu d’une manifestation ou de se munir d’une assurance de responsabilité civile de 2 M $, comme pour les événements culturels, par exemple.
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