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27 mars 2025

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La Sûreté du Québec à Rouyn-Noranda, une présence centenaire

Notre histoire en archives en collaboration avec BAnQ

Notre histoire en archives

©Archives nationales à Rouyn-Noranda, fonds Comité du 50e anniversaire de Rouyn-Noranda (08-Y, P34, S3, D34, P8).

Les agents de la Police provinciale Éphrem Bégin et Michael Tobin à leur arrivée à l’hôtel Osisko, 10 mars 1925.

En route vers le 100e anniversaire de la ville de Rouyn-Noranda l’an prochain, je profite de l’occasion pour vous faire découvrir ou redécouvrir des photos conservées par Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Rouyn-Noranda et l’histoire qui les accompagne.  

-Par Sébastien Tessier, archiviste-coordonnateur à Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Le 7 mars 1925 à 14 h 37, le constable Éphrem Bégin descend du train à Macamic. Il y rejoint son collègue Michael J. Tobin, qui l’attend depuis quelques jours. Le 9 mars, ils montent à bord d’une carriole qui les mènera à Rouynville pour la somme de 30 $. C’est ainsi que le lendemain après-midi, 10 mars 1925, les deux premiers agents de la Sûreté du Québec à mettre les pieds en sol rouynorandien arrivent à l’hôtel Osisko, tenu par James Green.

Bégin et Tobin inaugurent la présence policière provinciale la plus longue au Québec, outre Montréal et Québec, à Rouyn-Noranda depuis 100 ans maintenant.

Vous vous demandez peut-être comment je fais pour connaître tous ces détails, plutôt précis, sur l’arrivée des deux premiers policiers à Rouyn? C’est tout simplement grâce à la correspondance (1) qu’ils entretenaient avec leurs supérieurs, conservée dans la Collection initiale du centre de Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Rouyn-Noranda. Ce petit trésor nous permet également de connaître les préoccupations de Tobin et Bégin à leur arrivée dans cette bourgade sans foi ni loi.

Étonnamment, ou pas, le premier sujet abordé par Éphrem Bégin dans sa lettre du 1er avril 1925 est la propagation de « maladies vénériennes » en lien avec le réseau de prostitution local. Selon lui, une certaine dame, dont l’anonymat a été conservé, aurait tous les « mauvais maux » et elle nécessiterait un bon examen médical.  Ladite dame profite de cette recommandation pour faire venir une de ses amies de Cochrane, en Ontario, en tant que « garde-malade ». Sans surprise, celle-ci s’ajoute aux 14 prostituées qui œuvrent déjà à Rouynville.

La consommation de boissons alcoolisées cause également des maux de tête aux deux représentants de la police provinciale. Chaque jour, ce sont plusieurs hommes en état d’ébriété qui pourraient être arrêtés, si seulement il y avait une prison à Rouyn. Chaque fois que l’avion postal se pose sur le lac Osisko, il apporte environ 25 sacs remplis d’alcool. Sans compter les nombreux débits de boisson illégaux qui sont très populaires auprès des prospecteurs. Par chance, l’avion de la poste ne se rend pas toujours à bon port en raison des intempéries, ce qui donne un petit répit à nos deux valeureux représentants de la loi.

Ils font également mention de la présence de deux maisons de jeux d’argent dans lesquelles entre 50 et 60 hommes se regroupent chaque soir pour tenter de s’en mettre plein les poches. Les deux tenanciers et les principaux joueurs sont identifiés dans les lettres. Cette information est toutefois caviardée.

Notre histoire en archives

©Archives nationales à Rouyn-Noranda, fonds Comité du 50e anniversaire de Rouyn-Noranda (08-Y, P34, S3, D34, P7)

Les agents de la Police provinciale Éphrem Bégin et Michael Tobin devant les installations de la mine Horne, 1925.

Pour remédier à cette situation plutôt bordélique, les deux constables supplient leur supérieur de leur envoyer du renfort et de l’argent pour construire une prison… ainsi que pour payer leurs dettes. Ils réclament 200 $ pour rembourser les commerçants plus 800 $ pour pouvoir acheter une maison de la rue Taschereau offerte par Nelson Pinder. Un endroit parfait pour établir le poste de police et la prison tant attendue. Ils demandent également la présence d’une trentaine d’officiers pour les aider à perquisitionner les nombreuses maisons de débauche qui perturbent le climat social. L’officier Bégin prend bien soin de préciser que les policiers envoyés devront être vêtus en travailleurs journaliers, car des policiers en uniforme ne pourront jamais réussir à infiltrer ces établissements de Rouynville pour obtenir des preuves.

Celui qui a un jour dit qu’il était totalement faux de prétendre qu’à Rouyn « des femmes nues se promenaient dans les rues en plein jour et […] que deux maisons sur trois étaient occupées par des contrebandiers (2) » n’avait assurément jamais croisé les constables Tobin et Bégin!

Pour en apprendre plus sur l’histoire de la Sûreté du Québec, de 1925 à aujourd’hui, je vous suggère de lire le texte de François Beaudoin (3) dans la section patrimoine du site Web de la Sûreté du Québec.

Prolongez le plaisir de la découverte! Poursuivez votre exploration et profitez d’une foule de ressources en ligne gratuites sur banq.qc.ca.     

1. Dossier Policiers et recensement 1925 – Rouyn-Noranda, Collection initiale (08Y_P166, S1, D199).

2. Journal Copper Gold Era, 15 septembre 1926, Collection initiale (08Y_P166, S1, D336).

3. François Beaudoin est conseiller en patrimoine à la Sûreté du Québec. Pour lire son texte : https://www.patrimoine.sq.gouv.qc.ca/Sujet/La-Patrouille-de-lAbitibi-un-detachement-plus-que-centenaire-001

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