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Retour24 avril 2025
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Nelson Pinder, premier agent immobilier de Rouyn
Notre histoire en archives en collaboration avec BAnQ

©Archives nationales à Rouyn-Noranda, fonds Fonderie Horne, série Vavasour & Dick (08-Y, P123, S1, P134)
Nelson Pinder, en compagnie de sa femme, devant son agence immobilière. Il s'agit de ses premiers bureaux situés à l'est sur la rue Perreault, près de l’actuel Cinéma Paramount.
En route vers le 100e anniversaire de la ville de Rouyn-Noranda l’an prochain, je profite de l’occasion pour vous faire découvrir ou redécouvrir des photos conservées par Bibliothèque et Archives nationales du Québec à Rouyn-Noranda et l’histoire qui les accompagne.
Par Sébastien Tessier, archiviste-coordonnateur à Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Dans les débuts du Klondike abitibien, le projet de création d’une ville dans le secteur de Rouyn ne figure pas parmi les priorités des habitants. La population, majoritairement composée de prospecteurs ontariens aguerris, s’intéresse plus à trouver de l’or sous terre qu’à ce qui se passe sur le plancher des vaches. Quoique, il y a assurément un intérêt pour ce qui se passe dans certaines maisons aux mœurs légères…
Mais cette situation va changer drastiquement avec l’arrivée de Nelson Pinder le 13 août 1924. Le soir même de son arrivée, il a déjà une entente avec le président d’une compagnie minière, qu’il a rencontré sur l’île de Bert MacDonald, pour transformer ses terrains au faible potentiel géologique en lots résidentiels et les revendre aux résidents du camp minier. Cette manœuvre permet de rentabiliser ces terrains et accélère le processus de création de la ville de Rouyn. Nelson Pinder devient le premier agent immobilier de la ville et il en dessine la première carte. On y voit les 281 lots qu’il vend entre 150 $ et 400 $.
Malgré toute son expérience en immobilier, acquise en Ontario et en Alberta, Pinder doit occuper un poste gouvernemental pour que sa signature soit officialisée au Québec. C’est ainsi qu’on le nomme agent de la paix de Rouynville. C’est devant lui que devront comparaître les criminels arrêtés par les officiers de la Police provinciale, Tobin et Bégin.
Dans une entrevue donnée au journal The Rouyn News, il mentionne que l’un des premiers procès qu’il a tenus est celui d’un dénommé Delaney qui, fortement intoxiqué au whisky frelaté et à la cocaïne douteuse, a tenté d’agresser la femme chez qui il vivait avant de se rendre chez la célèbre contrebandière Yukon Jesse pour la violenter. C’est ce qu’on appelle un début de carrière remarquable. Et surtout occupé, car selon les dires de Pinder, il devait régler des cas de batailles d’hommes ou de femmes en état d’ébriété tous les jours dans sa résidence personnelle. La situation s’est corsée lorsque sa femme, Etta May Bromley, et ses enfants sont venus le rejoindre à Rouynville. Ces derniers devaient quitter la maison lorsque les procès étaient trop olé olé!
Fait inusité, sa famille est arrivée à Rouyn le soir même du cambriolage de la Banque Canadienne Nationale. Pinder a dû les laisser seuls à la maison et partir, carabine à la main, pour aller porter secours au gérant de la banque. Bienvenue à Rouyn, Madame Bromley!

©Archives nationales à Rouyn-Noranda, fonds Gilles Desjardins (08-Y, P18, S12, P17)
Premier plan de la ville de Rouyn dessiné par Nelson Pinder, vers 1924.
Nelson Pinder a plusieurs cordes à son arc. En plus d’être agent de la paix, agent immobilier et président de la Commission scolaire protestante de Rouyn, il siège au premier conseil municipal de la ville, constitué lors de l’élection par acclamation de Joachim Fortin, le 2 juin 1926. L’année suivante, il entreprend la construction de l’un des édifices les plus modernes de l’époque, qui trône encore aujourd’hui à l’angle des rues Perreault et du Portage. Nelson Pinder était de tous les fronts.
Si bien que le Toronto Star, dans un article du 13 août 1927, lui accorde le titre de père de Rouyn. On dit de lui qu’il est l’homme le plus occupé de la ville, mais qu’il est toujours disponible pour répondre aux questions de la population et pour accueillir les nouveaux arrivants à Rouynville.
Qu’on se le dise, Pinder, ce n’est pas juste le nom d’une rue ou d’un édifice, c’est surtout celui d’un pionnier qui a eu un rôle considérable dans la fondation de la ville de Rouyn-Noranda.
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